Appelée chanoyu, sadō ou chadō en japonais, la cérémonie du thé
est un art traditionnel en partie inspiré par le bouddhisme zen,
dans lequel le matcha, thé vert réduit en poudre, est préparé de
manière codifiée par un maître de thé et servi à un
petit groupe d'invités dans un cadre calme tendant à l'harmonie et
à la sérénité.
Chanoyu (« eau chaude pour le thé »), se réfère habituellement à
l'art, alors que sadō ou chadō (« chemin ou voie du thé »)
représente la doctrine de la cérémonie du thé comme voie
spirituelle. Le terme chaji se rapporte quant à lui au service du
thé complet comprenant le kaiseki (« repas léger »), le service
de l’usucha (« thé léger ») et du koicha (« thé fort » ou «
thé épais »). Il comprend également sumi demae, à savoir la mise
en place et le réajustement des charbons de bois permettant de
chauffer la bouilloire. Le chakai (« rencontre autour du thé ») se
résume le plus souvent au service de l'usucha. La cérémonie du thé
se déroule traditionnellement dans un cha-shitsu, un pavillon à la
décoration dépouillée située dans un jardin.
Le pavillon de thé du musée Guimet
Bref aperçu historique
Le thé fut introduit au Japon au IXème siècle par un
moine bouddhiste venu de Chine. Il devint rapidement populaire et
commença à être cultivé localement. Il fut utilisé tout d'abord
dans les rituels religieux des monastères bouddhistes, dans le but
notamment de les maintenir éveillés pendant les séances de
méditation. Au cours du XIIIème siècle, les guerriers
samouraï commencèrent à préparer et à boire le matcha, apparu au
cours du XIIème siècle. C'est un thé vert dont les
feuilles sont réduites en poudre puis émulsionnée dans l'eau, les
proportions variant selon la puissance et la texture souhaitée.
Durant le XVIème siècle, le thé s'est répandu à
travers tous les niveaux de la société japonaise. Les enseignements
de Sen no Rikyū, maître de thé, conduisent au développement de
nouvelles formes d'architecture, de jardin, d'arts et au
développement complet du sadō. Les principes qu'il transmit —
harmonie, respect, pureté, et tranquillité — sont encore au
centre du chanoyu de nos jours.
L'équipement essentiel du chanoyu
Chakin :
Toile
blanche de lin ou de chanvre utilisée pour le rituel du nettoyage du
bol.
Fukusa :
Carré de
soie utilisé pour le nettoyage symbolique de l'écope et du natsume
et éventuellement pour manipuler le couvercle de la bouilloire
chaude.
Hishaku :
Longue
louche en bambou possédant un nodule au centre du manche, utilisée
pour transférer l'eau. Il en existe différents styles selon la
cérémonie ou la saison.
Chawan :
Bol à thé
dont il existe une large gamme de tailles et de styles différents,
selon le thé préparé et la saison (peu profonds en été par
exemple). Il est d'usage de donner un nom poétique aux bols dont les
irrégularités et les imperfections sont prisées.
La boîte à thé dont il existe deux styles différents :
Le natsume,
court avec un couvercle plat, un fond arrondi, habituellement en
bois,
Le cha-ire,
en céramique, contenu dans des enveloppes de soie ou de brocart,
étroit avec un couvercle d'ivoire muni d'une feuille d'or en
dessous.
Chashaku :
Écope à
thé sculptée dans une seule pièce de bambou, avec un nodule en son
centre, utilisée pour déplacer le thé.
Chasen :
Fouet
sculpté dans une seule pièce de bambou. Une fois par an,
généralement en mai, les vieux chasen abîmés sont brûlés lors
d'une cérémonie appelé chasen koyō.
Certains des composants ne doivent être manipulés qu’avec des
mains gantées.
Le cadre de la cérémonie du thé
L’hôte, homme ou femme, porte un kimono, alors que les invités
peuvent porter des kimonos ou des vêtements formels sombres. Le port
du kimono lors du chanoyu n'est plus obligatoire. Mais lors des
occasions formelles, il est d'usage que la plupart des invités
portent un kimono. Nombre des mouvements et des composants de la
cérémonie du thé sont dus au port du kimono, par exemple, pour
éviter de salir les manches. Les hommes portent habituellement une
combinaison entre un kimono et un hakama, plus formel, mais certains
hommes portent uniquement le kimono. Les femmes portent des styles
variés de kimonos qui dépendent de la saison et des événements.
Si le thé est servi dans une maison du thé séparée, plutôt que
dans la chambre du thé, les invités attendront dans un jardin
couvert jusqu’au moment où ils seront appelés par l'hôte. Ils se
purifient rituellement en se lavant les mains et en se rinçant la
bouche. Ils se dirigent ensuite vers le tokonoma, ou alcôve, où ils
admirent les parchemins et/ou les autres décorations, tel le
chabana. Le parchemin est constitué d'un rouleau vertical (kakejiku)
comportant une calligraphie ou une peinture. Elle sert à développer
un esprit de sérénité, de respect et de pureté. Le chabana
(« fleurs de thé »), arrangement floral simple, prend
ses racines dans l'ikebana, un style traditionnel d'arrangement
floral japonais. Fréquemment, une seule fleur est utilisée, elle
penchera invariablement vers les invités. Puis, ceux-ci s'assoient
en position seiza (agenouillé les fesses sur les talons, les mains
l'une dans l'autre), par ordre de prestige.
Les maisons du thé et les salles du thé sont généralement petites
et construites dans des matériaux simples voire rustiques. Le
placement des tatamis détermine comment une personne marche à
travers la salle de thé (la posture droite, en glissant les pieds et
en évitant les joints entre les pans). Le placement standard des
tatamis dans les salles de thé consiste à disposer quatre tatamis
et demi en les plaçant selon un motif circulaire autour d'un pan
central. Il est de coutume d’éviter autant que possible de marcher
sur ce pan central, car c'est lui dans lequel se place le foyer
encastré en hiver. L'hôte place sur celui-ci aussi bien le bol de
thé à boire que les ustensiles.
De nombreuses lignes imaginaires et réelles traversent les salles de
thé, qui déterminent le placement exact des ustensiles. Lorsqu’on
est en présence de praticiens expérimentés, le placement des
ustensiles ne varie pas ou de manière infinitésimale entre chaque
préparation.
Le déroulement de la cérémonie du thé
Un repas léger, appelé kaiseki peut être servi aux invités, suivi
par du saké. S'il est traditionnellement végétarien, du poisson
peut être occasionnellement servi. A l'issue de ce repas, les
invités patientent de nouveau dans le jardin couvert jusque ce que
le maître de thé vienne les chercher. Si aucun repas n'est servi,
l’hôte procédera directement au service de petites friandises
placées sur un papier spécial (kaishi) apporté par chaque invité.
Chaque ustensile est symboliquement nettoyé en présence des invités
dans un ordre déterminé avec des gestes très précis. Les
ustensiles sont placés dans l’ordre exact de rangement en accord
avec la préparation qui suivra. L’hôte place ensuite une quantité
de matcha dans le bol selon qu'il prépare un thé léger ou épais
et ajoute la quantité appropriée d’eau chaude, puis mélange le
thé à celle-ci.
Le bol est servi à l'invité d’honneur (shokyaku) soit par l'hôte,
soit par un assistant. Les salutations d'usage sont échangées entre
l’hôte et l’invité d'honneur. L’invité salue le second
invité et lève son bol dans un geste de respect pour l’hôte. Il
tourne le bol afin de l'admirer et d'éviter de boire sur sa « face
avant » et, dans le cas du thé épais en boit une petite gorgée,
répond à l'hôte qui lui demande si le thé est à son goût avant
de prendre deux nouvelles gorgées et d'essuyer le bord, de tourner
le bol dans sa position originelle et de le passer à l'invité
suivant tout en le saluant. Cette procédure est répétée jusqu'à
ce que tous les invités aient pris le thé à partir du même bol.
Dans le cas du thé léger, chaque invité boit dans un bol
individuel. Si le thé épais, koicha, a été servi, il sera suivi
de la préparation, par l’hôte, d'un thé léger, ou usucha.
Cependant, en fonction de l'invitation qui a été faite, l'usucha
peut être servi seul.
Une fois que les invités ont chacun bu le thé, l’hôte nettoie
les ustensiles. L’invité d'honneur demandera à l’hôte
d’autoriser les invités à examiner les ustensiles et chacun leur
tour, les invités admirent chaque objet. L’hôte récupère
ensuite les ustensiles et les invités quittent alors la maison du
thé. L’hôte les salue de la porte, mettant ainsi fin à
l'invitation.
Une cérémonie du thé dure entre une demi-heure et cinq heures,
selon le type pratiqué.
Étudier la cérémonie du thé
Au Japon, ceux qui souhaitent étudier le chanoyu, rejoignent
généralement un « cercle ». Il y a aussi des clubs de thé dans
les écoles primaires, les collèges, les lycées et les universités.
Les écoles principales, Omotesenke, Urasenke, et Mushanokôji-Senke,
situées à Kyoto, et dirigées par un grand maître descendant de
Sen, ont développé leurs spécificités. Actuellement, l’école
Urasenke est la plus active et la plus suivie.
Les nouveaux étudiants commencent par observer les étudiants plus
avancés. La première chose que les nouveaux étudiants apprennent
est de quelle manière ouvrir et fermer correctement les portes
coulissantes, comment marcher sur le tatami, comment entrer et
quitter la salle de thé, comment saluer, comment nettoyer,
entreposer l'équipement et en prendre soin. Ensuite, les élèves
apprennent alors comment se comporter comme un invité dans une
cérémonie du thé, c’est-à-dire, comment tenir les bols, comment
boire le thé et manger les friandises, comment utiliser le papier et
tous les autres détails.
Lorsqu’ils maîtrisent l'ensemble de ces bases, les étudiants
apprennent comment préparer le matcha, et finalement comment mesurer
et fouetter le thé. Une fois ces bases acquises, les étudiants
commencent à pratiquer les préparations les plus simples.
Plusieurs écoles de thé sont représentées en France, à Paris,
notamment Urasenke et Omotesenke.
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